5 avril 2018

La réalité virtuelle au service des détenus et des toxicomanes

La réalité virtuelle au service des détenus et des toxicomanes

Une technologie qui allie la réalité virtuelle et l'intelligence artificielle fait son appartition dans le traitement de la toxicomanie et la réhabilitation des criminels récidivistes.

Comme nous le savons déjà, c'est dans le domaine des jeux vidéo que la réalité virtuelle a connu les développements les plus remarqués au cours des dernières années, admet Raji Wahidy, PDG et fondateur de l'entreprise Virtual Rehab.

« Or des études scientifiques ont aussi démontré qu'elle peut être utilisée avec succès dans le traitement des maladies mentales, notamment des phobies », poursuit ce diplômé en gestion et en génie électrique, originaire de Dollard-des-Ormeaux, qui a travaillé chez Ericsson et Vodafone avant de se lancer en affaires.

Fondée en janvier 2017 à New York, et ayant des bureaux en Californie et maintenant à Montréal, l'entreprise de M. Wahidy expose les personnes souffrant de dépendance aux drogues, de même que les prisonniers inscrits dans un programme de réhabilitation, à des scénarios de réalité virtuelle qui peuvent les aider à réduire les risques de récidive.

Notre intention n'est pas de remplacer les psychologues ou les thérapeutes, mais plutôt de rendre leur travail encore plus efficace en leur fournissant davantage d'outils et de données.

Raji Wahidy, PDG et fondateur de Virtual Rehab

« Notre clientèle est composée d'établissements de détention et de cliniques de désintoxication, auxquels nous offrons une solution clefs en main », explique M. Wahidy.

Dans les scénarios créés par la firme en R.V., les patients sont soumis à des stimulus - comme un environnement de consommation dans le cas d'un toxicomane, ou une dispute de couple dans celui d'un homme violent - qui pourraient risquer d'entraîner une rechute. Les scénarios peuvent être composés de contenu numérique ou de captures vidéo à l'aide de caméras à 360 degrés.

« Nous vérifions la réaction des patients à ces scénarios à l'aide d'une foule de capteurs qui mesurent le rythme cardiaque, la pression sanguine ou l'activité électrique de la peau, poursuit-il. L'objectif est d'aider les thérapeutes à mieux cerner les problématiques et optimiser le traitement. »

Avec l'aide de ces mesures, Virtual Rehab calcule aussi les risques de rechute à travers un algorithme impliquant l'intelligence artificielle.

Près de 175 millions de personnes suivent chaque année une cure de désintoxication ou une thérapie de réinsertion sociale dans le monde, selon les données de l'entreprise.

« Dans le cadre de projets pilotes, nous avons sondé les utilisateurs de notre technologie à l'aide de tests psychométriques. Près de 87 % d'entre eux ont démontré une amélioration de leur état », dit M. Wahidy.

« La Food and Drug Administration américaine juge aussi que l'utilisation d'une application mobile dans un programme de réadaptation en toxicomanie fait passer son taux d'efficacité de 17 % à 40 %. »

À plus long terme, Virtual Rehab espère recruter de 20 à 30 nouveaux clients, et traiter ainsi 20 000 patients de plus dans la prochaine année.

La jeune entreprise qui compte actuellement 10 employés souhaite aussi ouvrir à Montréal, durant le premier trimestre de 2019, la première clinique de désintoxication au monde dont le traitement, appuyé par une équipe de médecins, reposera principalement sur le recours à la réalité virtuelle.


Source : La Presse
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